Le Blog

Léon & Marcel

Ah Maryse ! ou "les déboires de Léonard"

L'histoire de la Maryse, cet outil indispensable à tout pâtissier ! Les petites histoires de cuisine de Léon & Marcel, c'est sur le blog !

L'ERREUR DE JEUNESSE

C’est dimanche, Léonard, baigné, coiffé, vêtu de ses plus beaux vêtements attend dans la cour l’heure du départ pour la messe. Armé d’une épée de roseau, il décide d’aller voir si l’ennemi ne se cache pas dans la cuisine. C’est là qu’il découvre, sur la grande table, un récipient de cuivre qui brille au soleil, c’est exactement ce qui lui manquait. Il ne peut résister à l’envie de se couvrir la tête de ce magnifique casque. Malheureusement, lui qui, à cette époque, n’est pas beaucoup plus haut que la table, ne remarque pas que son couvre-chef a servi à préparer le dessert dominical.

Lorsque la nurse le présente à son grand-père la tête et les épaules maculées de pâte, le fier soldat est bien penaud. La sanction tombe : privé de dessert jusqu’à la fin des vacances. Maryse, la cuisinière, s’en veut d’avoir laissé trainé le saladier et, comme elle a le cœur aussi tendre que ses pâtisseries, elle ne manque pas de glisser quelques biscuits dans la poche de l’enfant quand l’aïeul est hors de vue.

LA RÉUSSITE

Des années plus tard Léonard hérite de la manufacture familiale et met au point un ustensile permettant de racler parfaitement les récipients de cuisine . Il lui donne le nom de la gentille cuisinière. Ce petit garçon est Léonard de Buyer de l’entreprise française d’ustensiles de cuisine, fondée en 1830 au Val d Ajol dans les Vosges.

LE TRAUMATISME

Encore quelques années plus tard, je dois avoir approximativement l’âge de Léonard à l’époque du « drame ». Dans la cuisine, maman a sorti son grand saladier bleu, le sucre, la cuillère en bois et une espèce de spatule encore jamais vue. Chouette, il y a du dessert dans l’air ! Je vais chercher la farine et surtout la boite en fer. Ah, la boite en fer ! je l’adore. C’est une magnifique boîte à biscuit pleine de couleurs bigarrées et d’odeurs gourmandes : vermicelles multicolores, perles argentées, gousses de vanille, fleurs en sucre, violettes cristallisées, pâte d’amande, sachets de poudres magiques, c’est un ravissement pour mon nez et mes yeux. Maman commence sa préparation, je verse le sucre, je mélange un peu mais ça fait mal au bras. Elle ajoute du chocolat, mmmh ! Ça forme de jolies volutes quand on tourne avec la cuillère. Mais ce que j’attends avec impatience, le bouquet final, c’est quand je vais pouvoir « torcher » le saladier avec mes petits doigts. Je trépigne, je salive, j’adore faire de la pâtisserie.
Mais, que se passe-t-il ? Maman utilise son nouvel ustensile pour transvaser la pâte dans le moule. Là, c’est le drame, elle repose le saladier devant moi et je constate qu’on pourrait presque le ranger sans le laver tellement elle l’a bien raclé. Mais pourquoi ? je ne suis pas punie. C’est terrible ce qui m’arrive, je suis aussi « choquée » que le jour ou j’ai appris que le Père Noël n’existait pas. Maryse, car c’était bien elle, de ce jour je t’ai détestée.

Aujourd'hui, à presque 60 ans, je me suis réconciliée avec elle. Je l’utilise beaucoup et mes culs de poule sont parfaitement raclés, mais, tout ne termine pas forcément dans le moule…

Béatrice